par Christine Martin
1999, in La Revue des revues no 26
Dès septembre 1944, un comité de rédaction se réunit dans le Paris tout juste libéré pour discuter la conception et le contenu d’une revue nouvelle. Outre Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et Maurice Merleau-Ponty, le comité comprend, à un moment ou un autre, Georges Bataille, André Malraux et Albert Camus. Comment ce projet évolue-t-il ? Quels sont les débats à l’intérieur du comité ? Pourquoi le premier titre, La Condition humaine, est il rejeté ? La fusion avec Esprit refusée ? La collaboration avec Combat n’a-t-elle pas lieu ? Des archives jusqu’à aujourd’hui inexploités ont permis de retracer l’histoire de la naissance des Temps modernes, avant même la parution du premier numéro en octobre 1945. La fondation de la revue n’apparaît non pas comme élément d’une stratégie de domination intellectuelle, mais comme le résultat des rencontres, des circonstances, et du désir de s’impliqer dans un monde bouleversé par la guerre.
How Temps Modernes was born
As early as September 1944, there was a meeting of an editorial board in newly-liberated Paris. The aim was to discuss design and content of a new journal. As well as Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir and Maurice Merleau-Ponty, there were also Georges Bataille, André Malraux and Albert Camus on the board at one time or another. How did the project evolve ? What debates took place within the board ? Why was the first headline The Human Condition rejected ? Why was the merger with Esprit refused ? Why did collaboration with Combat not materialize ? The recent discovery of archives, until now unused, has meant that the history of Temps modernes could be reconstructed. The story goes back to before its first appearance in October 1945. Rather than being an element of a dominant intellectual strategy, the journal now appears as the result of different encounters and circumstances. It embodies the will to be actively involved in a world undergoing the upheaval of war.