par Hélène Favard
1999, in La Revue des revues no 27
Sous le titre de « LoBottomie », le texte de présentation de ce numéro 1 se veut à mille lieues de la déclaration d’intentions et donne d’emblée le ton : Bottom ne se prend pas au sérieux. Le lecteur qui cherchait à entrevoir l’expression d’une démarche ou ne serait-ce qu’à percer le mystère du titre de cette nouvelle revue, se contentera de formules telles que : « Bottom rend fou », « Bottom ne fond pas dans la main » ou « Bottom et j’ai dit oui. Parce que je le vaux bien ». Doit-on comprendre alors que l’on a affaire à une revue qui « décoiffe » ? Il semble en tout état de cause entendu que Bottom ne propose pas de manifeste ni de théorie de la littérature mais que cette revue est à l’affut. À l’affut de ce qui est nouveau, de ce qui dérange, de ce qui sort des sentiers battus de la littérature. Il s’agit d’un espace d’ouverture, de rencontres, d’expression libre, bref, d’une revue de création. Le sommaire le prouve : cette première livraison accueille principalement de jeunes auteurs entre 20 et 30 ans dont cinq « premiers romanciers » (Arnaud Cathrin, Régis Clinquart, Vincent de Swarte, Alexandre Lacroix, Karim Sarroub) et deux auteurs inédits (Michel Gatard et Léonard Vincent). Certains textes sont illustrés par un groupe d’artistes peintres et de photographes de Pantin identifiables sous le nom de « Parfaits inconnus ».
Enfin, une rubrique « Ailleurs ici partout » organise différents jeux d’écriture, le premier atelier ayant été réalisé avec des élèves d’un lycée de Dunkerque.
Tout cela est fort sympathique et tient sacrément bien la route. Le choix de textes publiés dans ce numéro propose au lecteur un panorama varié de formes brèves : nouvelles, poèmes – en prose ou en vers –, petites scènes dramatiques qui, pour la plupart, aiguisent la curiosité et suscitent le désir de suivre la production à venir de ces auteurs peu connus. Le pari est donc gagné. On retiendra notamment l’étonnante nouvelle de Karim Sarroub, « R », décrivant la lente plongée dans la folie d’un détenu qui découvre l’étrangeté du temps et du langage ou encore le très court texte de Vincent de Swarte sur ce mourant facétieux qui, pour dernière volonté, demande à sa femme le divorce…
Parmi les très jeunes auteurs, Benjamin Delannoy fait preuve d’un certain talent dans un récit qui, partant d’une scène de la vie quotidienne, bascule dans l’horreur absolue. Le comédien Philippe Caubère, invité à participer à ce premier numéro, évoque ses débuts au théâtre, décrivant la fougue et l’impétuosité du jeune premier. Un passage de son texte pourrait, nous semble-t-il, résumer une part de la philosophie de Bottom. S’adressant aux jeunes comédiens qui lui demandent conseil, il répond : « Vivez. Amusez-vous. Lisez tout ce qui vous tombe sous la main […]. Tout est bon. Il faut lire avant de jouer. Se remplir d’émotions, d’idées, de points de vue, d’histoires. Tout sert. »