: éc / art S :

par Annie Chevrefils Desbiolles
2000, in La Revue des revues no 28

La revue reproduit sur sa couverture une page-écran tirée du site internet qu’elle accompagne ; d’entrée de jeu, le lecteur a sous les yeux la version – figée sur papier – d’une déclaration solennelle émise par une « : cellule de recherche & d’expérimentation / thé@trale&poétique / artistique / technologiquE : », : éc / art S :, qui a donné son nom à la publication.
En bref, les militants de cette cellule proclament la nécessité de vivre en phase avec la réalité virtuelle et informatique contemporaine. Par sa plume (si l’on peut s’exprimer ainsi), Éric modèle, écrit-il, épuise l’art ; pour lui échapper, il faut que « les gestes [abandonnent] les éléments répertoriés, jugés obsolètes, et [convoquent] de nouveaux paramètres – @technologies et/ou @croisements disciplinaires et/ou @opérations inconnues ». Le mode résolument expérimental de cette écriture cherche à exprimer une nouvelle logique de la complexité liée, toujours selon l’auteur, à « l’accélération exponentielle de nouveaux instruments technologiques [qui] accomplit un événement poétique majeur ».
Le ton est donné. Il est révolutionnaire et condamne l’« Ancien Régime » encore au pouvoir, si bien représenté par l’Académie expérimentale du théâtre, institution dirigée par le critique Georges Banu « dont les projets sont tous inspirés par une perception modélisée et cloisonnée du théâtre ». À cela, la revue oppose l’œuvre de sa figure tutélaire, Jacques Polieri, inventeur de dispositifs scénographiques ouverts tels que, en 1964, « Gamme de 7 », vidéo-ballet-spectacle.
La parution d’: éc / art S : constitue un signe supplémentaire – s’il en était besoin – de l’omniprésence du multimédia dans les pratiques culturelles et artistiques quotidiennes. La revue fait l’archéologie de ce phénomène et écrit son histoire. Elle en signe rétrospectivement le manifeste et en assure la chronique subjective.


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