par Sandrine Samson
1993, in La Revue des revues no 15
« Plutôt six pages sur vingt lignes que trois mots sur mille pages. » Cet extrait de l’éditorial résume et présente bien la nouvelle revue d’esthétique: Eden’Art.
Elle émane du microcosme de l’École Normale Supérieure. Le comité de rédaction est composé presque exclusivement d’élèves de l’École et les articles sont rédigés par ces mêmes élèves, par leurs professeurs ou quelques élèves d’écoles d’art.
Elle est née d’un rejet des publications proposant des articles trop généraux et se distingue par un retour au texte, se veut interdisciplinaire, hors des modes et de l’actualité.
Le plus grand intérêt de la revue consiste dans la confrontation des différents textes et surtout des différentes disciplines autour d’un même thème. Dans le numéro 1, le thème choisi est « Tortures et distorsions ». La revue annonce des numéros à venir autour de « La Fenêtre », « Étoffes et tissus », « Natures Mortes », « Rome ».
Dans ce numéro sur « Tortures et Distortions » (huit articles sur quinze lui sont consacrés), les auteurs nous proposent les commentaires de six extraits de textes des XVIe et XIXe siècles, d’un extrait de scénario de film, de deux photographies, d’un tableau. Les différents aspects de la création se retrouvent, se confrontent, s’enrichissent. Les classiques et les contemporains se côtoient. À partir d’une analyse fine des différents supports autour d’un même thème – ici : la torture – les auteurs démontrent qu’à travers une oeuvre elle perd son caractère brut pour être transformée, transfigurée.
Cette approche très fine n’est donc pas uniquement un exercice de style, mais une gymnastique de l’esprit indispensable à la bonne et vraie compréhension du texte ou de l’image. La première impression, de textes trop scolaires et un peu trop délayés, passée, Eden’Art apporte un souffle d’authenticité et de retour au texte, tout à fait rare et qui doit être souligné et encouragé.
Espérons que la revue conservera ces qualités.