par Anthony Dufraisse
2006, in La Revue des revues no 38
La Passe
Une revue des langues poétiques
No 1, automne-hiver 2005-2006
Directeurs : Tristan Félix, Philippe Blondeau
Adresse : 38, rue Lucien-Lecointe,
F-80000 Amiens
Abonnement (3 numéros) : 20 €
9,5 cm sur 20,5 cm, voilà pour les mensurations du bébé. Une revue à peine plus épaisse qu’un passeport et « capable de glisser de poche en poche », ce n’est ma foi pas si courant. Sur le projet de cette publication dont le format (le format seulement) n’est pas sans rappeler Action Poétique des années 60/70, le sous-titre nous renseigne : « Une revue des langues poétiques ». Qu’on ne s’y trompe cependant pas ; ici il ne saurait être question d’informer le lecteur sur une quelconque actualité de la poésie, ce n’est pas le propos. On n’y thésaurise aucun savoir, pas plus d’ailleurs qu’on ne théorise sauvagement. Sa raison d’être est bien plus modeste, toute d’expérimentation. Disons qu’en ces pages c’est affaire d’essayisme, on cherche sa voie (sa voix ?) poétique. Des vingt contributions se dégage en effet une impression d’atelier, on se croirait dans un laboratoire ; on y tente donc des expériences et il en ressort une « humble matière » poétique. Mais c’est encore Tristan Felix et Philippe Blondeau, les initiateurs du projet, qui en parlent le mieux : « De quoi est faite La Passe ? D’échanges, traductions, correspondances, reconnaissances, gloses, emprunts, marqueterie, rapts, corrosions, lacérations survoltés, coïts furieux, duos confidentiels, poémancie, passes en chambre d’échos… » et ainsi de suite, la liste n’étant pas close. Sans répit on passe donc d’une forme à une autre. Il ne s’agit pas d’un ensemble cohérent autour d’un thème défini en amont, mais bien d’un sommaire éclaté et pour le moins éclectique. Certains textes, c’est bien le moment de le dire, passent très bien ; sur d’autres par contre on passe son tour ; d’autres encore ont des allures de tours de passe-passe. Le tout est plutôt stimulant, quoique un peu aride par moments.