par Marc Bauland
1999, in La Revue des revues no 26
No1, automne 1998 – No 2, hiver 1999
Depuis l’automne 1998, les éditions Maisonneuve et Larose publient Labyrinthe, revue fondée par François Andelkovic et de François-Xavier Priollaud, avec le soutien d’un comité de parrainage qui compte, entre autres, Roger Chartier, Antoine Compagnon, Alain Corbin, Béatrice Didier, Jean-Louis Leutrat et Francis Ramirez. D’abord Cahiers d’études pluridisciplinaires (no 1, automne 1998), puis Revue des étudiants-chercheurs (no 2, hiver 1999), le projet éditorial de Labyrinthe repose sur deux principes : d’une part, l’exigence de pluridisciplinarité hors du cadre d’une université, d’une école ou d’une discipline. D’autre part, la volonté de diffuser et de valoriser les mémoires de maîtrise et de troisième cycle, ainsi que les travaux en cours d’élaboration, qui ne bénéficient pas d’une diffusion satisfaisante dans les circuits traditionnels.
La première livraison propose une série de contributions variées : une lecture parallèle de Norbert Elias (La Société de Cour, 1969) et d’Alexis de Tocqueville (L’Ancien Régime et la Révolution, 1859) par Christina Schulz précède un article d’Annie Cartoux, consacré à « Horace Vernet, peintre de tableaux bibliques ». La géopolitique (« Le Monde arabe à la recherche de son unité », par Laurent Godmer), et le cinéma (« Méduse au cinéma, l’inquiétante étrangeté dans La Belle et la Bête », par Cyril Neyrat) font écho aux traductions de textes trop rares en France d’auteurs russes, par Pavel Chinsky (Le cinéma et la vie, du sémioticien Iouri Lotman, et les poèmes en exil d’Anatoli Cheyguer, Guéorgui Adamovitch, et Mikhaïl Gorline).
La deuxième livraison de Labyrinthe introduit dans l’économie de la revue le principe audacieux des thèmes « filés » comme caractère structurant, afin de développer d’un numéro à l’autre « une véritable réflexion collective » entre la rédaction, les auteurs, leurs directeurs de recherches, et les lecteurs. Quatre thèmes ont ainsi été choisis : sources et méthodes historiques (« Les vagabonds devant les tribunaux correctionnels à la fin du XIXe siècle », par Juliette Flori, étude réalisée à partir des archives judiciaires du Département de la Seine) ; l’art religieux (« Peinture religieuse et État », par Emmanuelle Amiot) ; la violence culturelle (« Violence symbolique d’État contre violence terroriste basque », par Xavier Crettiez) ; le fantastique (« Invisible et secret au cœur de l’image », critique des Innocents de Jack Clayton par Marie-Pierre Frappier).
L’éditorial de Labyrinthe, opportunément intitulé « les fils d’Ariane », affirme une double vocation de revue culturelle, accessible aux non-spécialistes, et de revue scientifique, grâce notamment aux « aperçus de recherches », et aux comptes rendus de colloques en fin de volume. L’afflux des articles envoyés spontanément au comité de lecture, sitôt le premier numéro paru confirme, s’il était besoin, l’intérêt d’une publication conçue comme « un espace de jeux et de ruses », posant les premiers jalons d’un réseau d’étudiants-chercheurs, de lecteurs, et d’universitaires éprouvés, afin de « substituer à l’errance solitaire les joies d’une déambulation collective ».