par Yves Chevrefils Desbiolles
19901991, in La Revue des revues no 10
Depuis que son hégémonie a été battue en brèche, on ne s’interroge plus beaucoup dans les revues et ailleurs sur la place de la linguistique au sein des sciences humaines. Le Gré des langues remet cette question à l’ordre du jour. Il ne s’agit toutefois pas de tenter une nouvelle modélisation de la linguistique comme aimait le faire autrefois le structuralisme. Il ne s’agit pas non plus de refuser la théorie au profit d’un quelconque empirisme, mais bien de tenir compte, « sur le terrain même de la langue », des débordements qui sont inhérents aux concepts et qui en brisent la régularité : l’exception fait ici partie de la loi. Puisque « d’autres que lui, point forcément ignares, s’obstinent de leur côté à la travailler, et à se laisser travailler par elle, par métier ou par passion », la rédaction invite « la compagnie », c’est-à-dire les linguistes mais aussi leurs collègues grammairiens, philologues, stylisticiens et – pourquoi pas ? – littéraires, écrivains et traducteurs, à participer à l’aventure du Gré des langues. Pour cela, chaque numéro de la revue sera divisé en quatre volets « Recherches linguistiques «, « Au détour de la langue », « Des langages » et « Questions d’usage », comprenant à leur tour des rubriques à périodicité irrégulière et dont « l’articulation » permettra de « poser les termes de la confrontation ». Ce premier numéro du Gré des langues ne comprend aucun compte rendu ou notice de lecture, aucune information liée à l’actualité.