L’En-je lacanien ; Psychanalyse

par Marie-Paule Chardon
2005, in La Revue des revues no 36

L’En-je lacanien et Psychanalyse sont les dernières revues de psychanalyse nées aux Éditions érès – la première en 2003, la seconde fin 2004. Toutes deux sont des publications lacaniennes. L’École de Psychanalyse du Champ lacanien est liée à l’L’En-je lacanien et l’Association de psychanalyse Jacques Lacan à Psychanalyse (les membres de ces deux groupes ont quitté ces dernières années l’École de la Cause freudienne).
Psychanalyse se situe dans le champ de la psychanalyse contemporaine. Elle entend « faire avancer l’idée que la psychanalyse est capable de promouvoir un lien social qui se fonde sur l’identification de l’un au radical de sa singularité, moyennant quoi l’altérité de l’autre cesse d’être une menace. Elle se démarque ainsi tant du médical que du cosmétique » (quatrième de couverture). Dans son premier numéro, le projet éditorial n’est pas développé mais un article signé du directeur de la revue, Pierre Bruno, est intitulé « Changement de psychanalyse ».
La revue L’En-je lacanien s’inscrit, elle aussi, « dans l’interrogation des enjeux de la psychanalyse dans le monde actuel », puisque « la théorie psychanalytique permet d’être à l’écoute de l’évolution de notre temps ». Elle se veut un lieu de questionnement de la pratique analytique et d’élaboration de la clinique au bénéfice de la théorie. Elle se propose donc de publier des travaux théoriques et cliniques, énonce Didier Castanet (membre de la rédaction) dans le premier éditorial. Une piste pour saisir L’En-je lacanien : « Qu’y a -t-il en Je ? La mise qui fait de l’existence un pari » (quatrième de couverture).
Comment est conçue cette revue semestrielle ? Cinq à six textes théoriques sont constitués autour d’une thématique (« la névrose idéale » pour le premier, « le supplément féminin » et « le corps parlant », respectivement pour les deuxième et troisième). Puis c’est la rubrique « Études théoriques et cliniques » qui propose des élaborations sur des concepts ou sur la pratique analytique.
On retrouve ensuite les traditionnels comptes rendus de lectures psychanalytiques. Puis plus originaux pour une revue de psychanalyse, des entretiens avec des artistes célèbres (Eugène Guillevic, Catherine Deneuve, Irina Ionesco…). En outre, l’art est également présent au travers d’œuvres comme les poèmes ou d’articles critiques.
Si L’En-je souhaite être un lieu de rencontre entre la psychanalyse et d’autres champs, Psychanalyse entend explorer ce qui dans la poésie, le cinéma, le théâtre, la littérature peut aller jusqu’à « devancer l’expérience analytique ». D’où la présence dans le premier numéro d’une pièce de théâtre « Nous qui gardons le mystère serons les seuls à être malheureux » de Tony Kushner.
Que trouve-t-on d’autre dans Psychanalyse ? Des articles théoriques ayant trait, comme annoncés, avec le lien social et le malaise dans la civilisation. « Tu peux » (Sur le surmoi postmoderne) de Slavoj Zizek en est un exemple. Pas de rubrique « Lectures » mais en revanche la retranscription d’une discussion entre les trois fondateurs de l’Association de psychanalyse Jacques Lacan, retraçant, entre autres, la naissance de ce regroupement (entretien très intéressant qui court sur les numéros un et deux).
Deux nouvelles revues au contenu stimulant mais nécessitant, pour la compréhension, une certaine érudition lacanienne.


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