par Marc Olivier Baruch
1997, in La Revue des revues no 24
Les Documents français, organe créé en 1939 pour fournir, avec une neutralité revendiquée, des dossiers d’information sur des sujets d’actualités, et qui se maintint sous Vichy, semblent se situer aux antipodes de ces revues de doctrine que furent Idées et France revue de l’État nouveau, l’une et l’autre pilotées par les milieux proches de la Révolution nationale. Les premiers, après avoir un temps adhéré aux volontés de « redressement national » affichées par le nouveau régime, cherchèrent assez vite à se réfugier dans une factualité aussi apolitique que possible, alors que les secondes ne cessaient de revendiquer la rupture avec un « ordre ancien» qu’elles estimaient encore trop préservé. Si leur opposition traduit l’hétérogénéité d’un régime qui s’efforça, de plus en plus difficilement, de faire cohabiter les élites traditionnelles avec une frange plus résolument « révolutionnaire », ces deux ensembles se rejoignaient, sans le vouloir, dans la défense de la politique de présence sur laquelle Vichy avait construit sa légitimité.
French state journals
Les Documents français, founded in 1939 to provide neutral information on subjets in the news and still published during the Vichy régime, seems poles apart from such doctrinal journals as Idées and France, revue de l’État nouveau, both headed by organisations connected to the National Revolution. The first one, after adhering for a time to the new regime’s wish for « national rectification » quickly tried to seek refuge in reporting apolitical facts, while the second two continuously supported breaking off from a « former order » which they considered was being maintained for too long. Although the opposition of these two types of journal highlights the heterogenous nature of a regime struggling to make the traditional elite cohabit with a resolutely revolutionary fringe, these two groups did in fact have a common desire, though unbeknownst to themselves, to defend the Vichy regime’s policy of maintaining a French government presence, upon which the regime had built its legitimacy.