par Jérôme Duwa
2005, in La Revue des revues no 36
L’Humidité ou la vie de l’avant-garde dans les années 70
Entre 1970 et 1978, L’Humidité est dirigée par Jean-François Bory dans un esprit d’ouverture à la poésie visuelle et à l’art de son temps. Toutefois, la revue n’entend pas se couper totalement des avant-gardes historiques ; elle n’a pas la candeur de faire comme si le futurisme, dada et le surréalisme n’avaient pas eu lieu. Les années 70 voient l’épanouissement de formes d’actions artistiques tendant à l’immatériel, ce qui redéfinit fondamentalement la fonction d’une revue qui se met à leur service : L’Humidité se veut d’abord médiatrice de cet art voué à la disparition, mais elle assume ce rôle en se construisant elle-même comme un objet d’art, refusant d’autant plus toute théorisation excessive, qu’elle est consciente du caractère oppresseur du langage.
L’Humidité or the life of the avant-garde in the 70’s
From 1970 to 1978, L’Humidité was directed by Jean-François Bory in a spirit of overture to visual poetry and the art of its time. Yet the review did not intend to break fully away from the historical avant-gardes; it was not so naive as to pretend futurism, dada and surrealism had never happened. The 70’s witnessed the blooming of forms of artistic action that aimed at the immaterial, which meant a fundamental redefinition of what a review intended to be at their service should be: L’Humidité primarily intended to mediate for an art doomed to disappear, but it assumed this role by constructing itself as an art object, rejecting excessive theorisation, as it was aware of the oppressive nature of language.