par Éric Dussert
2010, in La Revue des revues no 44
Hommage direct, quoique astucieux, à L’Île au trésor de Stevenson, la publication lancée par Jean-Christophe Belotti manifeste de toute évidence un souci d’esthète. Très généreusement illustrée de collages du directeur de publication, de peintures de Jean Terrossian ou encore de reproductions de documents photographiques anciens, elle semble vouer à l’image un culte tout particulier, auquel l’écrit, très présent lui aussi, sert de soubassement, d’analyse ou de prolongation onirique. Construite autour de trois dossiers principaux consacrés au film Démence de Jan Svankmajer, à l’œuvre peint de Jean Terrossian et au « musée » breton de l’abbé Fouré, sculpteur de rives bien connu des amateurs d’art brut, la première livraison convoque une vingtaine de contributions qui, de Jorge Camacho aux exercices d’exaltation de Roger Renaud signale l’extraction surréaliste des collaborateurs. Pour s’en convaincre, il suffit d’aborder la rubrique polémique « des gants en peau de gifle » où sont tartinés Pierre Cardin et telle essayiste malhabile qui malmènent l’un le village de La Coste, patrie de Sade, l’autre les rapports du surréalisme à l’hermétisme. Imprimé sur papier couché de très belle main, on peut se réjouir qu’existe à nouveau une publication surréaliste appétissante.