par André Derval
19901991, in La Revue des revues no 10
Quai Voltaire, Revue littéraire a pour ambition de ne traiter que de littérature et, de fait, on peut la tenir plus précisément pour une revue d’études littéraires. La première livraison a pour principaux thèmes l’échec et les subterfuges en littérature. Sur le second thème un débat, organisé par La Maison des écrivains et dont Quai Voltaire présente un compte rendu, démontre une réelle qualité. Il reste que de tels sujets peuvent inciter le lecteur à la prudence, voire à l’expectative, surtout lorsqu’on lui présente peu après un inédit (probable…) de Katherine Mansfield et des révélations sur un « spécialiste ignoré de Rabelais » (Jean Audeau).
Revue au propos fermement défini, dont la ligne rédactionnelle n’abuse pas de terminologie savante, Quai Voltaire est, au demeurant, d’une sobre élégance graphique signée Thomas Gravemaker ; elle possède une mise en pages bien conçue et bénéficie d’un excellent travail de correction et de cohérence typographique.
Bien que le programme du quatrième de couverture annonce que Quai Voltaire n’a pas « d’esthétique particulière à défendre », on remarque qu’une majorité d’articles reprend la forme du « portrait » d’écrivain, dont le modèle a été fixé par André Suarès. Sont de la sorte successivement évoqués, l’échec littéraire tenant lieu de fil directeur : Kleist et Tasso, Rimbaud, Roché, Artaud, Flaubert et… Suarès, au travers d’un entretien avec Michel Drouin qui a établi les éditions d’Âmes et Visages chez Gallimard. En clôture, un texte de création d’Hubert Haddad, composé d’une vingtaine d’aphorismes, très inégaux, et un texte de Jean-Philippe Domecq introduisant le thème autour duquel s’organisera le second numéro : la postérité… Il y a peut-être dans l’agencement de cette dernière partie quelque malhabileté, qui n’efface cependant pas l’intérêt du texte de Domecq et une très bonne impression d’ensemble pour cette entreprise attrayante et déterminée.