par Hélène Favard
1992, in La Revue des revues no 12-13
La revue Traverses est morte ! Vive la revue Traverses !
De l’ancienne publication qui fut l’expression du Centre de Création Industrielle du centre Georges Pompidou, il ne reste, comme unique trace du chemin parcouru « à travers» les mutations intellectuelles de notre temps, que le titre. Dans un format plus traditionnel (18,5 X 26), ce numéro 1 intitulé « Du contemporain » entend souligner la spécificité de la nouvelle formule par rapport aux livraisons précédentes tout en insistant sur les choix intellectuels qui ont présidé à la (re)naissance de Traverses.
« Revue des exigences et des refus, elle mettra au jour ce qui divise, renouant avec la pratique vivifiante de la polémique. » C’est dans la confrontation des cheminements et des sinuosités de la pensée d’aujourd’hui que naîtra cette « pensée de l’hétérogène » qu’évoque l’éditorial de Jacqueline Lichtenstein. Loin de la fadeur des consensus, des lieux communs et du bien-pensant culturel, il s’agit de reconquérir la notion de culture. Cette reconquête qui passe parfois par l’intérêt porté à certaines formes d’érudition se veut aussi attentive à la multiplicité des champs de recherche et des approches théoriques.
On l’aura compris, Traverses s’adresse au petit nombre plus qu’à la majorité. Les lecteurs sont convoqués à la réflexion autour de textes d’une grande rigueur dans les domaines de la philosophie, de l’esthétique, des sciences humaines.
Au sommaire de ce numéro, Louis Marin, Marc Fumaroli, Françoise Balibar, Jean-Luc Nancy ou Michel Deguy, pour ne citer qu’eux, tentent, selon des optiques diverses, de cerner les problèmes posés par la catégorie du « contemporain ». On découvre, en marge de leurs articles, les réponses d’écrivains, d’artistes, de chercheurs à la question: « de qui, de quoi vous diriez-vous contemporains ? » : petits espaces où libre cours est laissé à l’inventivité.
Enfin, une rubrique « Chroniques » propose un aperçu de quelques productions « contemporaines » dans les domaines artistiques ou littéraires.
Le tout est présenté dans une mise en pages, visiblement « pensée » elle aussi, qui accueille une importante iconographie ne se voulant pas illustration des textes mais discours autonome.