par Annie Chevrefils Desbiolles
1994, in La Revue des revues no 18
Sans être » tape-à-l’oeil », Une fois une n’est pas tout à fait modeste : format, papier, mise en page, lui donnent une apparence qui tient à la fois du livre soigné et du catalogue d’exposition, ce qui finalement sied bien à ce qu’elle est, une revue de professeurs, ceux de l’école régionale des Beaux-Arts de Valence. Ce sérieux de la forme contraste avec les intentions affichées. Ces professeurs-ci ne feront pas une revue institutionnelle à la manière de leurs collègues des Beaux-Arts de Nantes avec Interlope la curieuse. Ici, point de programme pré-établi ni de dossiers mobilisateurs ou de signatures prestigieuses. Trace de rencontres avec des artistes invités au sein de l’école ou éléments de recherches en cours, Une fois une cultive résolument les « opportunités », ce qui – elle en convient – « ne fonde guère une trame, sinon celle, imprévisible, de quelques coups » qu’elle espère « chanceux ». Le lecteur emprunte donc ce chemin de fortune allant de « Dürer et l’insomnie » aux « Poèmes du rock », deux contributions aux rythmes pour le moins contrastés qui donnent bien le ton de cette « revue d’essai » dont la seule ambition serait de « redire une fois encore, sur papier, deux on trois choses, que peut-être nous ne savons pas déjà ».
En somme, dans cette revue dont l’apparence dit bien qu’elle n’est ni une revue d’artistes ni un bulletin d’étudiants, des professeurs trahissent un goût pour une forme bien à eux d’école buissonnière. Mais n’est-ce point là un luxe quand on sait l’urgente nécessité de créer, à l’intérieur des écoles d’art, des supports de débats ? Car enfin, ne peut-on attendre d’« une revue d’école » qu’elle soit avant tout à l’écoute de ses étudiants ?