Au Sud de l’Est

Au sud de l’Est : une revue culturelle sur les Balkans. « Parce que les Balkans s’identifient souvent à l’Orient de l’Europe », écrit Predrag Matvejevic dans le texte que nous publions en ouverture.

Au sud de l’Est ? Parce que la région dont nous parlons (ces Balkans mystérieux) a la particularité d’avoir des frontières floues, extensibles ou, osons le mot, des frontières ouvertes ! Bien qu’avec l’éclatement de la Yougoslavie, les frontières intérieures se soient multipliées et menacent d’accroître l’isolement et le cloisonnement de la région ; que les frontières de l’Union européenne soient encore infranchissables pour une bonne partie des habitants des pays concernés. Bien que ces frontières soient donc tangibles et bien réelles, nous pensons que les liens culturels entre « eux » et « nous », les passages, les influences mutuelles, les emprunts dans le domaines des arts et des idées, sont des chemins qui traversent le continent. Nous avons tout intérêt à regarder ce qui se passe aux marges de « notre Europe », : ces écrivains, ces artistes nous parlent de nous, autant qu’ils nous parlent d’eux. Ce que nous avons voulu vous donner à voir : les expressions culturelles d’une région d’Europe proche et mal connue. Une région qu’on imagine, par une illusion d’optique, très lointaine et parfois très « locale ». Comme l’a dit Danilo Kis, un des grands écrivains de cette région lui aussi porteur de la richesse de son mélange, il existe « un provincialisme des petites nations (celui de vouloir à tout prix être reconnu des grandes), mais aussi un provincialisme des grandes nations (celui de regarder les petites cultures avec l’assurance de leur suprématie) ».

Au sud de l’Est est un champ ouvert sur l’Autre, un angle de vue particulier qui nous aide aussi à nous penser nous-même. N^o 1

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Publié le 27 janvier 2005