L’échappée de l’esquisse
Comment ne pas perdre la chose, comment rester au plus près de ce qu’elle est ? Comment se souvenir de cette proximité avec la fontaine et le mur, comment ne pas éloigner l’évocation d’une tendresse, comment accepter la force d’une forme pensée et sentie pour la première fois ? « Oui beaucoup voulurent se détacher de ces signes qui avaient usurpé des choses. Mais était-ce possible, dites moi ? »[1]
L’esquisse pourrait être ce qui réunit la chose et la pensée de la chose ; et qui ne se perd pas dans son explication. La chose analytique, est-il nécessaire de le rappeler, court après une forme qui lui soit fidèle. Une forme qui tienne de l’art et de la théorie. Les esquisses ne se nourrissent-elles pas de ce voisinage inattendu entre la sûreté du trait et l’acceptation de l’éphémère de la pensée ? Et quand une belle échappée survient, n’est-ce pas alors la preuve que la magie, si elle existe, ne saurait être donnée d’emblée ? Nous espérons des textes courts, petits, concis, vifs ; un accent enlevé, un ton qui l’emporte. Une séquence, un surgissement de pensée qui mène à une rupture et trace une voie subite. Un détail qui s’impose, se fond ou s’efface. Un éclairage qui ouvre un regard sur une ombre. « Où sont ces temps d’autrefois… où il arrivait qu’un poème, un mot juste, une idée scientifique agisse sur la vie d’hommes mûrs avec la force d’impact d’un véritable choc émotionnel. »[2]
Antoine Nastasi, rédacteur en chef
[1] Y. Bonnefoy, « Une autre époque de l’écriture », La Vie errante, Paris : Mercure de France, 1993. p. 143.
[2] S. Ferenczi, « Ignotus le compréhensif », Psychanalyse 3. Œuvres complètes, Paris : Payot, 1974. p. 248.
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ISSN Electronique : 1760-4486
Année de création : 2008
Thème(s) : Anthropologie, Psy
Type : Papier et Électronique