Quand une revue se fait chaloupe ; quand une revue se fait cris ; quand une revue s’invente main secourable ; quand Étoiles d’encres se plante « Au cœur de l’errance ». Le cœur de l’errance n’est autre que celui qui bat sous dans le cœur des milliers d’exilés, réfugiés, fuyant les guerres, les persécutions, la mort. Et le cœur se fait chœur : 50 contributions graves, révoltées, aimantes (« J’atteste qu’il n’y a d’Être humain que/Celui dont le cœur tremble d’amour/ pour tous ses frères en humanité/» Abdellatif Laabi) enfantent, sous une couverture offerte par Titouan Lamazou, ce numéro exceptionnel de la « revue de femmes en Méditerranée » ; Méditerranée, bassin d’espoir et mer de perdition : les voix immenses et multiples (de B comme Bertina, Yahia Belaskri, Maïssa Bey à Z comme Valérie Zenatti en passant par Patrick Chamoiseau, Magyd Cherfi, Erri de Lucca, …), de fictions en poèmes, de récits en courtes analyses, pour en appeler à ce que les humains de ce côté-ci de la mer retrouvent l’humanité : « Si toute vie mérite considération, ce n’est pas parce qu’elle est unique, même si évidemment elle est unique : c’est parce qu’elle est égale. Toute vie est également pleurable, digne de deuil quand elle se perd » (Marielle Macé) ; « Chaque femme, chaque homme, chaque enfant, qui monte à bord d’une coque de noix pour traverser la Méditerranée est un héros devant lequel il faut s’incliner. Par admiration. Par respect. » (Akram Belkraid.) C’est à Monique Sérot-Chaibi (de l’association Coup de soleil) que les éditrices d’Étoiles d’encre doivent le recueil de tous ces textes, inédits ou non, comme, en écho, autant d’étoiles qui font le ciel moins noir. « Savon d’Alep à l’essence de rose » (Clara Delange) : la peau se souvient, toutes les peaux méritent sa caresse bienfaisante.
Le produit des ventes de ce numéro sera reversé à SOS Méditerranée.
André Chabin