Ils étaient six en lice pour le prix du journal intime 2021, attribué tous les ans par la revue Les Moments littéraires en partenariat avec la Fondation Clarens. Les livres de Pierre Bergounioux, René Depestre, Julien Green, Albert Memmi, Anita Pittoni et enfin Alejandra Pizarnik avaient été précédemment sélectionnés par les huit membres du jury*. Et c’est donc le Journal de cette dernière, sous-titré Premiers cahiers 1954-1960 (chez le très estimable éditeur Ypsilon), qui a été récompensé cette année. C’est au troisième tour de scrutin, par cinq voix contre deux au Carnet de notes 2016-2020 de Pierre Bergounioux et une à René Depestre pour Cahier d’un art de vivre – Cuba, 1964-1978, que l’Argentine s’est finalement démarquée.
En 2020, rappelons-le si besoin était, ce même prix Clarens avait été décerné à Un printemps à Hongo de Ishikawa Takuboku, traduit du japonais par Alain Gouvret et préfacé par Paul Decottignies, paru aux éditions Arfuyen. L’attribution de cette récompense au livre d’Alejandra Pizarnik (1936-1972) braque un peu plus encore le projecteur sur une femme dont on (re)découvre ces dernières années, et c’est heureux, l’œuvre puissante et tourmentée, grâce au travail dévoué de ses différents traducteurs. Si Clément Bondu a eu en charge la présente édition des cahiers, on peut citer aussi d’autres passeurs, Anne Picard, Silvia Baron Supervielle, Claude Couffon, Étienne Dobenesque, Jacques Ancet… Les uns et les autres nous font ainsi toujours mieux connaître écrits en prose et poèmes de l’Argentine, et toujours mieux entendre, déchirante et magnétique, la voix de celle qui se décrivit un jour comme une « louve anxieuse ».
Anthony Dufraisse
* Jury composé de Daniel Arsand, Monique Borde, Michel Braud, Béatrice Commengé, Colette Fellous, Jocelyne François, Gilbert Moreau (directeur de la revue Les Moments littéraires – président du jury) et Robert Thiéry (président de la Fondation Clarens pour l’humanisme).