Pénétrons dans Labyrinthe[s #1 qui donne d’emblée à voir les signes de la modernité typographique dans la graphie de son titre. Papier glacé pour la couverture blanche, encadrée de mystérieuses lignes rouges entrelacées qui font écho au titre de la revue. Format carré. Du noir, du rouge, du blanc. Le regard est attiré et le sommaire s’affiche en couverture. Il associe des écrivains publiés par des éditeurs (Éric Pessan, Olivier Steiner, Laurence Biava, Julien Thèves, Rebecca Wengrow, Patrice Salsa, Aloysius Chabossot, Pascal Béné) à des auteurs ayant recours à l’édition indépendante (Marie-Hélène Moreau, Catherine Lang, Marie J. Berchoud, Didier Betmalle, Bouffanges) mais aussi à ceux qui écrivent dans l’ombre, sans encore avoir été édités (Laurent Guillo, Pierre Ruetsch, Benoît Toccacieli, Tristan Seneca).
Labyrinthe[s est donc une revue de littérature générale. « Nouvelle utopie périodique » ? L’avenir le dira mais c’est en tout cas ce qu’indique le texte qui introduit le récit de Tropmann, « La femme dans la loge et la femme dans la vitrine ». Cet auteur d’un unique roman publié chez Minuit en 1986 (L’œil de Madame) a choisi d’offrir à cette première livraison un texte resté jusqu’alors inédit. Tropmann ouvre ainsi le bal du parti pris éditorial qui consistera à publier un inédit à chaque nouvelle livraison.
Labyrinthe[s entend mettre à l’honneur la littérature sous toutes ses formes avec pour seuls critères la singularité de l’écriture et la qualité des textes. À cet ambitieux programme éditorial, la revue associe un défi artistique. En effet, chaque numéro est confié à un artiste qui a carte blanche pour intervenir sur la maquette en y incorporant sa création. Le résultat attendu étant la production d’un objet à la fois unique et hybride. Jordane Saget, reconnu dans le monde du street art, a ainsi posé son trio de lignes énigmatiques sur les pages de ce premier numéro. Tel un fil d’Ariane, elles relient les textes les uns aux autres et dessinent un chemin de lecture graphique et ludique. Ces lignes qui « enlacent les pages de leur sinuosités bienveillantes » accompagnent le lecteur dans sa traversée des presque 150 pages de Labyrinthe[s.
À chaque livraison, il reconnaitra le paysage grâce à des rubriques régulières, comme autant de petits cailloux semés sur le chemin. Premier repère : l’exploration de la notion de labyrinthe selon différents points de vue (en commençant, pour ce premier numéro, par une approche historique avec « La chronique d’Astérion » de Donatien LeWis). Deuxième balise, la rubrique « Des classiques durables » mettra en lumière un auteur contemporain. Éric Dussert y présente ici François Salvaing, lauréat du prix du Livre Inter en 1988 et donne à lire quelques pages extraites de Pays conquis, paru en 1977. Enfin, dernier rendez-vous régulier de lecture, la rubrique « Dans la bibliothèque de Dédale » présentera un auteur des siècles passés, oublié du grand public. Lucien Descaves inaugure la série et Labyrinthe[s reproduit, en fac-similé, une nouvelle extraite de son premier ouvrage, publié en 1883.
Depuis le 19e siècle jusqu’au très contemporain, Labyrinthe[s offre au lecteur une traversée de la littérature et l’invite à la découverte. Gageons qu’elle parviendra ainsi le conduire vers une autre réalité, à le faire passer d’un monde à un autre et qu’il en reviendra victorieux et transformé !
Labyrinthe[s est réalisée en impression à la demande sur la plateforme Book on Demand, elle est diffusée en librairie, physique ou en ligne, et peut également être commandée directement sur le site labyrinthes.net.
Hélène Favard