Les jeunes socialistes de Sciences Po ont lancé une revue pour s’organiser et réfléchir : Perspectives. Un rédacteur en chef, Edgar Berrios, est désigné et d’ores et déjà anime son équipe. Un 1er n° existe en version électronique, le 2e existe sur le même mode et en format papier (5 € l’exemplaire). Il s’agit bien d’une vraie revue qui dépasse le stade de la publication militante. Elle prend la forme d’un Cahier de 68 pages : éditorial, compte rendu d’une réunion animée par Olivier Faure, 1er secrétaire du PS, diverses études plutôt approfondies et diverses sur des sujets complexes et variés susceptibles d’intéresser des militants, jeunes ou non, et même ceux qui ne le sont pas mais réfléchissent au monde contemporain : l’international avec une étude sur l’Afghanistan, les cybermenaces, la protection juridique de l’enfance, les activités bancaires, le droit de vote à 16 ans. C’est à chaque fois d’un bon niveau, c’est-à-dire fondé sur un travail qui va sensiblement plus loin que la reprise des éléments généraux diffusés dans la presse, donc nous avons bien affaire à une revue qui explore, propose et travaille.
L’aspect plus directement politique est traité par l’intervention d’Olivier Faure qui revient sur son parcours et délivre un message intéressant, lucide, mais sans doute trop court précisément sur les perspectives d’avenir. La revue est pourtant sensible à un aspect incontestable de la crise actuelle de la gauche : l’affaiblissement sévère des partis politiques, mais tout autant les limites des formules alternatives, mouvements « gazeux » ou non, primaires et autres… Le constat est souvent fait, ne serait-ce que tout récemment par Rémi Lefebvre dans son dernier livre : Faut-il désespérer de la gauche ? (Textuel, 2022), et bien d’autres encore… Les partis ne doivent pas disparaître, mais se réinventer et s’ouvrir, se rafraîchir sans se renier. Probablement, les diverses refondations, renaissances ou relèves prendront du temps et devront s’inventer en chemin. Il faudra que les uns et les autres échangent et se parlent. Perspectives, comme par ailleurs le Groupe Socialiste Universitaire, ou encore, dans un registre un peu différent, la revue Germinal et d’autres doivent communiquer, échanger, favoriser les confrontations. C’est ainsi qu’on crée et fait revivre un milieu favorable, non « la cendre », mais « le foyer » des forces vives. À suivre…
Gilles Candar