par Patrick Fréchet
1991, in La Revue des revues no 11
Le singe est le nom que l’imprimeur donne au compositeur – celui-ci appelant l’imprimeur un ours (ces deux noms existant depuis la première édition de l’Encyclopédie.) La Main de Singe serait donc celle du typographe, mais pour la rédaction de cette nouvelle revue littéraire, la citation est bien différente, puisqu’il s’agit d’une référence à un texte d’Antonin Artaud, publié en 1969 dans la revue Tel Quel et à un précédent texte d’Artaud, paru en 1948 dans la revue K. Et de renvoyer à une plaquette de littérature policière, parue en 1935, portant également ce titre.
L’éditorial de Dominique Poncet présente fort justement le projet de cette Main de Singe : non pas répondre à la question « où va la littérature ? », mais bien plutôt poser celle-ci : « où commence la littérature ? » Vaste programme. Introduit par Charles Baudelaire, avec un texte intitulé « Le monde va finir », le sommaire de cette première livraison n’est pas dénué d’intérêt : « Hermetic Definition », quatre beaux poèmes de H.D. [Hilda Doolittle] – poète que Ezra Pound qualifia ainsi : « H.D. Imagist. » ; « La bibliothèque? », par Jean Louis Schefer ; un entretien avec Philippe Sollers ; des pages de Guy Davenport, Gilbert Sorrentino, Evguéni Zamiatine, Jean-Marie Soreau, Jean-Michel Olivier, Roger Dextre, Alain Degange, Dominique Poncet, et une aimable pochade de Bernard Hoepifner sur le code-barre : « Biblioformatique pour tous », dont la lecture est vivement recommandée à tous les acteurs du livre, bibliothécaires, éditeurs, distributeurs, diffuseurs, et libraires.