L’argent est partout et même au sommaire de la revue Ubu, scènes d’Europe qui consacre le dossier de son dernier numéro, le 54/55 à cette thématique « le théâtre et l’argent ». « Pour l’Homo economicus, l’Artiste est un rêveur. Il ne connaît pas la finance. Il ne produit pas de capital. La plupart du temps, il ne gagne pas grand chose. Pire, il coûte de l’argent » feint de s’emporter la rédactrice en chef de la revue Chantal Boiron. Et pourtant les artistes aussi connaissent le coût de la crise, eux qui voient souvent leur subventions baisser. Et comment donc vivent les auteurs (Maïa Bouteillet)? Entre système D et mécénat, quel financement pour le théâtre : « Comment l’argent modifie-t-il le mode de production d’un spectacle et ses attendus artistiques ? A quel moment et de quelles façons s’immisce-t-il dans le projet ? » s’interrogent Daniel Migairou et Jean-Pierre Thibaudat qui ajoutent : « l’argent n’a pas d’odeur mais on se pince le nez au moment d’en parler ». Et c’est bien le mérite de cette livraison, somptueusement illustrée et émaillée de témoignages, d’aborder un sujet quasi tabou. Une censure que ne connaît pas la scène qui, d’Henri Becque à Christophe Tarkos, a su en faire un filon dramatique, certes encore frêle (Odile Quirot).
Marc Norget