La revue de belles Lettres 2013, I : Henri Thomas, vingt ans après

 

La Revue de belles-lettres consacre tout un numéro à l’auteur de La Nuit de Londres : 330 pages exceptionnelles. Et le mot ne parvient même pas à enfermer le travail extraordinaire qui est livré ici par les soins de Ghislaine Dunant. Le numéro est riche d’abord par tous les textes de Thomas qui sont donnés à lire : poèmes inédits, traductions (Shakespeare, Hölderlin, Pouchkine, Essenine…), textes critiques rares, correspondances – avec Armen Lubin, avec Jaccottet brève mais belle, quelques extraits de celle avec Paulhan qu’on imagine fort abondante et en voie de publication. C’est d’ailleurs Luc Autret, l’une des chevilles ouvrières de cette livraison, qui la prépare et qui livre ici une étude sur la réception de l’œuvre d’Henri Thomas. D’autres approches critiques (John Taylor, Jil Silberstein) s’entrelacent aux textes de création. C’est d’ailleurs un autre des plaisirs de ce recueil d’accueillir des textes – inédits ou fort rares–  sur ou en hommage à Henri Thomas : Georges Perec (sur John Perkins), Philippe Jaccottet, Jean Grosjean, Jean-Claude Pirotte, Jean Roudaut, Gilles Ortlieb (d’un traducteur à l’autre). Il y 20 ans, le 3 novembre 1993 disparaissait Henri Thomas : que reste-t-il de lui dans les bibliothèques, dans les librairies, dans les mémoires ? A coup sûr, ce numéro fervent est plus jouvence que tombeau. En 4e couverture, l’extrait d’un poème d’Henri Thomas : « Couteaux, couteaux, ouvrez la porte, et moi je promets de mettre en circulation une forêt. » Cela me paraît s’appliquer à ce numéro : mettre en circulation une forêt. La rbl met en circulation une forêt.

 

André Chabin