« Formes non inscrites au catalogue » : thématique dominante du dernier numéro de Cassandre (n°96, hiver 2014). « La manie maladive de nommer et de ranger dont nous sommes affligés ne doit pas nous faire oublier le caractère provisoire de ces classements qui visent à nous rendre possible l’usage du monde » écrit Nicolas Roméas au seuil de la revue. Au demeurant, l’appellation n’irait telle pas comme un gant à Cassandre Hors champ tant la revue se plaît à déjouer les lignes, à mixer le spectacle vivant au spectacle du monde, le discours critique et la parole des créateurs… Mais les formes hétérodoxes, inassignables sont, dans cette livraison, celles qu’on nomme communément pour faire vite et précisément inscrire : performances. Insoumises, elles rentrent par effraction sur la scène (quand scène il y a…) et ne se laissent apprivoiser par celui qui les reçoit qu’au prix de son propre « travail » de créateur. La revue débarque ainsi au générateur de Gentilly de la chorégraphe Ariane Dreyfus, au festival Zone d’occupation artistique (ZOA – La Loge-Paris), à Charleville Mézières près de l’acteur-marionnetiste Roland Schön, chez Bruno Boussagol au Centre hospitalier du Puy-en-Velay. D’autres encore…Tous lieux, genres, formes énergumènes, inclassables, sur le fil, à l’image de la vidéaste-acrobate Shiraz Pertev. Gigogne Cassandre qui poursuit par un ensemble sur les Rroms, forme d’un peuple qui ne parvient à s’inscrire dans aucun catalogue : « Nos amours Tsiganes ». En ouverture de cette livraison d’hiver, un long entretien qui nous vient d’une Centrafrique dont nous ne savons plus que les désastres : depuis près de quinze ans, au cœur de Bangui, Vincent Mambachaka fait vivre l’espace Linga Téré, lieu rare de création théâtrale et de transmission, d’art et des rencontres. Aujourd’hui, tout est à refaire : reprendre.
A surveiller le site de la revue pour les différents rendez-vous qu’elle organise à chacune de ses livraisons. Premier en date : le vendredi 31 janvier à 19h au « Lieu Dit » 6, rue du Sorbier 75020 Paris (métro Ménilmontant).
Vincent Dunois