Secousse 12

 

On connaissait l’immense talent Claude Simon écrivain, mais son activité de photographe, plus rare et largement méconnue, ne fut pas moins remarquable : une dizaine de ses photographies inédites sont à découvrir dans la dernière livraison de Secousse. C’est l’une des multiples pépites de ce numéro 12.

 

Ah ! Secousse, planète en pleine expansion : elle a pris des dimensions presque irréelles (volume, sons, images) usant de toutes les possibilités et de la liberté que lui offre le numérique. Elle est entrée dans d’autres dimensions, dont celles-ci  – la fantasy, l’erotic fiction, la science fiction – qu’on ne s’attendait guère la voir tutoyer, la littérature dite « de genre » : à bord du vaisseau Secousse,  Michel Chion (scénariste, musicien, spécialiste de la SF), Léo Henry, Mathias Lair, un texte de Serge Lehman, écrivain polygraphe, précédé d’un long et passionnant entretien qui balaie l’histoire, le statut et l’actualité de la SF, son rapport à la science mais aussi à l’ «autre» littérature.

 

Quand même, revenons à l’autre littérature et aux choix toujours remarquables de la revue, en particulier en matière de poésie : Marie-Hélène Archambeaud, Géraldine Geay, deux poètes traduits, aux textes qui charrient le chaos du monde : le chinois Yu Jian et le tchèque Petr Motyl : « phrases pour rien /phrases en feu pour rien /comme une brique séchée au palais de la bouche/comme un soir plein de tuyauteries /des phares glaciaux de voitures /dans une colonne défaite morcelée /autoroute pour rien /par l’acier au rien liée »

 

Mais encore Bruno Grégoire : « Deux doigts n’ont pas su/retenir un doigt : cette nuit le corps de mon ami s’acharne/à aimer la terre de mon jardin »

 

Parmi les étoiles, une météorite : un texte féroce et drôle de François Boddaert qui moque à raison la manie enquêteuse de l’époque qui touche jusqu’aux auteurs : bien cuisinés, ils feront la démonstration qu’il faut dresser une nouvelle journée de formation, une autre session de rencontre interprofessionnelle. Car enfin ne faut-il pas que le maître-queux, en l’occurrence la CRL de Bourgogne, continue à faire bouillir sa marmite…