Sa présentation dans le dernier numéro de Rehauts est peu commune : David Allais, âgé de 37 ans, ancien journaliste, est actuellement maire adjoint et engagé dans plusieurs projets de solidarité en France et à l’étranger. Mais ce qu’il y a de moins commun encore, c’est ce qu’il écrit et qui est délicieux. Délicieusement loufoques, absurdes, des embardées dans des mondes désaccordés, où les identités des êtres – humains ou animaux – des choses, des lieux dansent le branle, étranges déhanchements qui prêtent à rire à moins que sous l’humour on entende ceci : « Et dans ses yeux pleins de soleil, on lisait de la pluie. »
Mais qu’on en juge par ces quelques incipit prélevés au hasard des 8 textes offerts par la revue :
« A peine promu maréchal, le général ambitionnait de devenir impératrice. Il avait toujours rêvé d’être une ballerine insouciante goûtant nonchalamment aux voluptés des cours alpines. » (Jeu de paume)
« L’employé des forces libres du Venezuela s’occupait des échanges et des retraits ; mais pas des remboursements. Pour les remboursements, il fallait remplir un formulaire. Il était rédigé en italien. Rectangulaire, de petit format, ses cases étaient trop petites pour y consigner la totalité des confidences la totalité des confidences administratives requises. » (Scène d’aéroport)
« Les termites avaient ceci de commun avec les nuages radioactifs qu’ils ne franchissaient pas les frontières. Une telle bienséance était fort appréciée des édiles que les zones contaminées ennuyaient. » (L’invasion des xylophages)
Et si, dans sa Géopoétique (extrait d’un travail intitulé L’Atelier nocturne), les mondes de David Allais semblent avoir perdu la tête, c’est pourtant à la nôtre, de tête, qu’ils tendent un miroir pas si aimable : l’autre côté.
Vincent Dunois