C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès d’Yves Chèvrefils Desbiolles, cher camarade, compagnon d’une longue route.
Impossible d’évoquer les débuts d’Entrevues sans que s’anime la silhouette d’Yves qui en fut l’une des pièces maîtresses. Sous l’aiguillon d’Olivier Corpet, il s’inventa, parmi bien d’autres tâches, secrétaire de rédaction de La Revue des revues maniant, alors, placards, ciseaux et colle tout en étant l’artisan de la Lettre d’Entrevues, bulletin d’actualités sur le monde des revues qu’il s’épuisait à faire aboutir malgré l’insatisfaction perpétuelle d’Olivier. Yves était aussi fidèle que tenace. Et si cela ne suffisait pas, il s’était engagé dans la préparation d’une thèse – soutenue avec succès en 1992 – sur les revues d’art à Paris : travail dont La Revue des revues recueillit les premiers fruits à la faveur de deux articles pionniers dans nos numéros 5 et 6. En 1993, ce travail au long cours devint son premier livre, le premier livre aussi édité par Ent’revues : Les Revues d’art à Paris 1905-1940. Un classique que Yves re-publia dans une édition révisée aux Presses universitaires de Provence en 2014. Tout en restant membre de la rédaction de La Revue des revues – où il donna force notes de lectures – Yves s’embarqua dans l’aventure de l’institut Mémoires de l’édition contemporaine avant de d’envoler, en compagnie de sa femme Annie, du côté de Marseille pour quelques années. L’installation de l’IMEC à l’Abbaye d’Ardenne fut un puissant aimant pour son retour au bercail : il y fut responsable des riches fonds d’archives artistiques jusqu’à sa retraite en 2021. C’est ainsi qu’il co-signa le bel album Christian Dotremont 1922-1979 publié par l’IMEC.
Ainsi l’histoire de l’art, ses acteurs, ses problématiques, ses publications pendant une trentaine d’années constituèrent le territoire de prédilection de Yves qu’il ne cessa faire fructifier à la faveur de nombre de conférences, formations, publications collectives ou monographies (Waldemar Georges, critique d’art. Cinq portraits pour un siècle paradoxal. Essai et anthologie, Presses universitaires de Rennes, 2016).
La mémoire de tes travaux, cher Yves, n’est pas prête de s’estomper pas plus que ton élégance discrète – le temps ne semblait pas y avoir prise – ne sera prompte à nous quitter.
Nos pensées brisées vont vers Annie que nous aimons.
A.C.
Ces photographies furent prises lors de la soirée du 15 décembre 2011, sur le parquet au point de Hongrie de l’IMEC, rue de Rivoli, à l’occasion de la présentation de deux ouvrages d’Yves, Les revues d’art, formes, stratégies et réseaux au XXe siècle, et Dessins d’écrivains, de l’archive à l’œuvre, en présence de Claire Paulhan, Rossella Froissart Pezone (?), Claire Bustarret (?) et alii.