Thématique audacieuse que nous offre la revue de psychanalyse Le Coq-Héron. Inspiré du livre de Leib Rochman, À pas d’aveugle de par le monde, le dossier « La vie des morts parmi les vivants » explore le « discours encore non achevé des morts, et le discours pas encore entendu par les vivants» précise en édito Fabio Landa.
Il s’agira donc d’écoute et de parole.
L’écoute de la poésie, celle de Glastein, dont Rachel Ertel fera l’analyse à partir de ces deux vers :
« Nous sommes les souvenants
Qui refusons l’oubli. »
Quelle mémoire de la Shoah, quelle parole font résonner les poètes yiddish ? Maria Antonia Carreiras nous invite à entendre l’écho d’un abîme ineffable aux côtés de Paul Celan, Marina Tsvétaïeva et Nelly Sachs.
Il est question de l’écoute de l’indicible, de cette présence d’une absence qu’est le trauma qui se porte au travers des générations. Avec les cas cliniques de Ilany Kogan et Andrea Ciacci se dessine le travail de la transmission. Claude Guy souligne habilement « Les morts ont plus de mémoire que les vivants ».
Dori Laub interroge quant à lui le monde interne propre aux « bourreaux » et martyrs notamment dans le cas d’attentats suicides. Quel rapport à la mort, mais aussi aux vivants lorsque « détruire c’est purifier » ?
Inscrits dans le lieu, dans le corps, dans le silence, les morts imposent leur sépulture. Annick Kayitesi-Jozan en témoigne et nous place dans l’effroi, sans voix, sans mots. Peut-être parce qu’elle a su trouver les siens pour nous dire les morts qui l’habitent.
Enfin, autre forme de transmission transgénérationnelle, Anne Vincze évoquera les liens familiaux d’après sa relation à son grand-père, le psychanalyste Imre Hermann.
Alice Dallavalle