Rehauts n° 39

 

« Le problème c’est la bouche. Mais enfin, nous pouvons toujours essayer » : David Constantine dont une série de poèmes ouvre splendidement le numéro 39 de Rehauts. Le problème c’est la bouche : les poètes de Rehauts s’y essaient et comment !  Max de Carvalho (« le mot ne te viendra/ que lorsque sans un/mot tu le reconnaîtras »), Bruno Grégoire (« Poète, sache faire danser/ta complexité/ou alors tais-toi, mais/sans en faire toute une histoire), en réponse les histoires d’appartement d’Étienne Faure (Allein, serait-on moins seul en allemand/ au motif que deux l, deux syllabes/ sont plus vivables pour résonner, établir avec l’écho qui s’installe entre elles/ dialogue et peut-être engouement au lieu d’un sec bonjour à l’adresse du mur […] ».

 

« le peu d’importance de nos êtres là » (Stéphane Korvin)  cependant que des bouches s’y essaient : celle de Caroline Sagot Duvauroux en dialogue avec les peintures de Stéphanie Ferrat, celle de Jacques Josse pour dire un premier deuil (une grand-mère mais plus encore la mère du père), pour restaurer, avec la faconde de William Cliff et depuis la mémoire d’enfance, le corps pitoyable, attachant d’Ernest Gayolle, corps disparu : « […] nous sommes d’étranges virtuoses/qu’on viendra chercher au fond de nos fosses closes/afin de renaître à un glorieux Rehaut ». Glorieux Rehauts !

 

Et ceci encore, David Constantine : « je ne peux rien te dire de la mer et des îles. » Nous pouvons toujours essayer.

 

Marc Norget