fœhn no 1

 

 

Manifeste :

 

 » fœhn est un projet de revue papier et numérique, poétique, écologique, politique, engagée ainsi qu’intersectionnelle.
À partir d’écritures diverses et pluri-disciplinaires, chaque numéro considère son sujet pour ce qu’il est et ce qu’il représente. Le non-humain n’est pas un prétexte : il est sa propre cause. « 

 

Cette revue ne se situe pas, ne se trouve, ni ne se contacte en ligne mais, par ailleurs promotrice d’événements (un lancement en juin dans le quatrième arrondissement de Paris), tout laisse penser à un collectif de Paname, de l’est parisien si cela se trouve, et qui se vend en colportage, en situation. D’ailleurs, le prix modique ne prêche pas pour une vente en librairie.

L’objet est ramassé, dirons-nous, très illustré, en pleines pages ou de vignettes. Le noir est très dense (encre de seiche ?) pour les textes et les illustrations qui répondent au thème de ce premier numéro : « poulpe fiction ».

 

Et de fait, les illustrations (de Claire Painchaud et Julie Pereira) sinuent comme au rythme de marées, de danses de céphalopodes. Les six textes ici réunis trouvent un lien à construire avec un imaginaire océanique (« pelagique »), une conscience animale – un travail fasciné d’« incorporation » : comment être au monde lorsqu’on a huit tentacules et autant de cerveaux annexes, que l’appréhension du monde se fait largement par ces membres intelligents, que le communication avec l’environnement se fait par la peau, peau changeante dans la capacité d’imitation (le camouflage) mais aussi dans l’expression des émotions ? Émotions ? Est-ce de l’anthropomorphisme ?

 

Les six textes, poèmes trouvent leur rythme propre et le travail de composition, de mise en page l’accompagne : mention spéciale aux « 8 poèmes sur les pieuvres » d’Héloise Brézillon, combinatoire de propositions et de renvois dans un double système de notes. Il faut dire qu’elle est doctorante en pratique et théorie de la production artistique.
Tout comme ses compagnons ne sont pas des débutants : Antoine Mouton, Pierre Gondran dit Remoux, Hortense Reynal ou Melina Besic (les accents ont sauté) on déjà publié, en livre ou dans des revues (d’ailleurs, Mélina Besic signe dans Le Bœuf Monstrelire ici). (Autre effet d’écho : l’écopoésie indiquée dans le sous-titre, explicitée dans le court «manifeste» et que l’on retrouve chez Les Haleurs).

 

Les quatre dernières pages sont, elles, dévolues aux « fondateurices de la revue » : Dorsène, Florian Bardou, Selim-a Atallah Chettaoui et Zohra Mrad, évoluant dans le monde de l’activisme poétique, littéraire. L’un est, par exemple, animateur de lectures poétiques en club gay, nu, parfois. Ce texte à quatre mains reçoit une typographie spécifique, un traitement plus accidenté, un jeu de reflet du texte, à l’encre bleue : c’est le texte « octopofœhn ».

 

Le poulpe est un animal si riche de distance à l’homme, et d’intelligences découvertes ces dernières années (la science admet que, si les poulpes transmettaient leurs savoirs et expériences à leur progéniture, ces mollusques seraient dominants sur la planète). Quel thème, quel animal pourra assurer la relève de fœhn ?

 

Yannick Kéravec

 

Coordonnées de la revue