D’abord, le plaisir immense de retrouver Mathieu Bénézet dans la dernière livraison de Rehauts (no 33) : une série inédite de poèmes qui datent des années 90, infiniment tendres, poèmes de roses et d’amour « Dans le petit vase/2 jonquilles murmurent Olga ».
Et tant d’autres plaisirs dans cette revue : des voix que l’on aime y reconnaître (William Cliff, Joseph J. Guglielmi, Mathieu Nuss, Daniel Cabanis), d’autres qui s’y mêlent (Geneviève Peigné, Marie-Louise Chapelle), et celle-ci sans doute inédite (Thomas Demoulin) ; voix aussi tressées – avec le retour de fidèles – à des œuvres plastiques (Marcel Benhamou/Max Wechsler, Philippe Boutibonnes/Eve Gramatzki) ; enfin – inattendue dans Rehauts ? –, celle de Jacques Roubaud qui numérote l’œuvre et la colère de Dieu (« 43 Dieu décréa le ciel et la terre. 44 Si fut fait de soir et matin le dernier jour. ») Est-ce sous l’effet de la colère de Dieu, que la correspondance qui suit (J .R toujours) est folle ? « Je n’ai pas reçu ta prochaine lettre… » : rien qui jamais précisément corresponde. Délire phatique : sont-ils deux ceux qui ne parviennent pas à s’entendre, qui ne coïncident que dans le hiatus temporel ?
André Chabin