Études céliniennes n° 8

 

La superbe photographie qui orne désormais la couverture des Études céliniennes pourrait passer pour une allégorie des figures céliniennes. Le noir de la nuit (parfait, profond) domine, éclaboussé  par le  jaune saturé qui découpe pans de mur et façades. Dans ce contraste extrême se loge l’ambivalence de l’écrivain : styliste éperdu et pamphlétaire répugnant, le plus novateur des romanciers et le plus « réactionnaire » des hommes. Cet dualité concerte avec les études proposées ici qui examinent la fortune critique de l’auteur du Voyage. Violence de l’éloge, virulence du rejet. Exécration que Céline partage et ne manque pas d’attiser. Il y a toujours le feu autour de Céline. André Derval dans un court article plante le décor, changeant avec le temps, les écrits, les engagements, les « enragements ». Derval poursuit le travail qu’il a largement entrepris depuis ses 70 critiques sur Voyage au bout de la nuit et plus récemment avec l’accueil critique de Bagatelles pour un massacre.  Christine Sautermeister s’attache aux études céliniennes de 1961 à 1985, avec une station du côté de Tel Quel, groupe qui vouait une admiration profonde à Céline. Si au cours de ces un peu plus de 20 ans, Céline est toujours resté un « cas », « un classique  à crédit », c’est aujourd’hui – nuit et  éclats – un Céline total qui est  désormais pris en compte, étudié, publié, cité. Féconde également et plus paisible, la présence critique – en particulier par le travail de collectifs de chercheurs – de Céline de l’autre côté de l’Atlantique est étudiée par Johanne Bénard.

 

Riche livraison qui se poursuit avec deux articles sur les rapports de Céline avec Drieu (Julien Hervieu) et Roger Nimier (Marc Dambre). Quant à Émile Brami, il revient sur le rapport essentiel de Céline au théâtre.

 

Ah, on allait oublier, sur la couverture, (presque dessous …) un dessin de la tête de Céline qu’on devine à peine : approchez-vous. Comme un palimpseste que la revue s’efforce de déchiffrer.

 

André Chabin