Que vous évoque les “terminaisons annulo-spiralées satellites d’anticlines” ? Sûrement pas grand chose ! Mais vous en saurez davantage en ouvrant et en découvrant Gruppen no 14. Cette revue pluridisciplinaire traite de sujets variés, avec la volonté de nous faire découvrir des artistes, des sociologues, des écrivains, des psychiatres et autres “créateurs”. Du beau monde dans un bel écrin !
Cette revue nous a premièrement séduits en tant qu’objet graphique. Avec sa maquette surprenante, sa texture, son poids et son parti pris visuel, elle propose une rupture face aux revues plus conventionnelles. Là où les revues induisent la passivité du lecteur en le mettant face à l’ensemble du contenu, la revue Gruppen incite à ouvrir et à déplier ses pages de par son format plié sur lui-même sans reliure apparente.
Le lecteur doit faire l’effort d’aller découvrir le contenu. Sa curiosité le rend acteur de sa rencontre avec la revue. Au-delà de son ouverture singulière, Gruppen se démarque par sa double épaisseur, son format légèrement étroit et allongé et son papier beige clair au toucher légèrement grainé. Ces spécificités induisent un rapport affectif, chaleureux et sensoriel. À cela s’ajoute un élément des plus importants et des plus emblématiques de Gruppen. Servant d’enveloppe à la revue, un poster sérigraphié monochromatique vient l’habiller et la sublimer. Il introduit le travail plastique d’un artiste différent à chaque numéro. Marion Fontaine, une aquarelliste et peintre française, est l’artiste phare de cette quatorzième livraison. Nous la retrouvons également, au-delà du poster, dans la revue avec des illustrations venant ponctuer et rythmer, avec parcimonie mais force, le cours de la lecture.
Parallèlement aux illustrations, Gruppen propose un contenu éclectique et s’intéresse à des sujets en opposition aux valeurs dominantes de la société. Cette ligne directrice s’exprime au travers de différents médiums, tels que l’art brut, la radio indépendante et la poésie. Bien qu’il s’agisse principalement d’une rupture sociale, cela a pour effet de rassembler une partie de la population qui ne se reconnaît pas dans la culture populaire dominante. Raphaël Challier écrit : « Pour le dire plus simplement, les mots d’ordres des gilets jaunes ont rappelé la demande très générale de justice sociale et de partage des richesses, chez les habitants du monde rural comme chez ceux des grands ensembles., chez certains petits indépendants comme chez les plus précaires, bien au-delà des préférences électorales … » ( Des partis aux ronds-points – L’autonomie culturelle et politique des classes populaires contemporaines)
Faire le choix de lire Gruppen, c’est faire le choix d’étendre son spectre sensoriel, se confronter à l’éclectique, s’abandonner tant à une forme qu’à des idées. Restez curieux, découvrez Gruppen !
Olivier Querne
Jean-Marc Nyot Nyot
Johanna Labbe
Marianne Pouzol
Angèle Valin
Étudiants à l’École Estienne, en visite au 29e Salon de la revue, octobre 2019.
Un ensemble de comptes rendus, sous la direction de leur enseignant, Jérôme Duwa, en écho à Partir en Livre 2020.