Depuis 1991, la revue italienne Kamen’ interroge la relation entre poésie et philosophie. Constituée de deux dossiers – l’un sur la philosophie, l’autre sur la poésie, elle propose aussi des textes de création et des notes critiques. Publiée deux fois par an par Vicolo del Pavone, dirigée et animée par Amedeo Anelli, la revue tient l’équilibre entre le bulletin philosophique et la revue d’action poétique. Simple mais élégante, fine (à peine plus de 120 pages), elle offre de brèves contributions et permet de découvrir et redécouvrir des auteurs italiens. Le numéro 45 rassemble ainsi des textes de Dino Formaggio et un dossier sur Giuseppe Pontiggia. Les œuvres de ce dernier ont été traduites en France comme le très beau Jardin des Hespérides (chez José Corti). La revue Conférence a publié en 2007 trois textes admirables de cet auteur souvent publié dans la revue Kamen’. Dans le numéro 45, c’est son rapport à la poésie que Daniela Marcheschi étudie et présente. On y lira aussi, en italien, un poème de Pontiggia et deux articles sur Sinisgalli. Mais la revue ne s’intéresse pas qu’aux auteurs italiens. Son numéro du premier semestre 2015 invite en effet à redécouvrir Charles Lalo. Né en Aquitaine en 1877 et mort en 1953, ce philosophe fut professeur d’esthétique à la Sorbonne et co-dirigea la Revue d’esthétique. Kamen’ s’intéresse plus particulièrement à son essai sur l’esthétique du rire paru en 1948 chez Flammarion. La revue reproduit un extrait de l’ouvrage auquel Sara Calderoni consacre un bref et dense article. Ce dossier est suivi de poèmes de Flaminia Silj et d’un dossier présentant la figure de Mario Borsa, grand journaliste antifasciste. La revue republie un passage de ses Mémoires d’un revenant parus en 1945. Sorti des geôles musoliniennes à la chute du duce, engagé au Partito d’Azione, Borsa prit un temps la direction du Corriere della sera et raconta alors son itinéraire, vrai morceau d’histoire de la presse italienne, de Giolitti à la fondation de la République.
François Bordes