La Coudée est à l’image de la définition qu’elle se donne : une revue dans laquelle cohabitent autant de textes que de formes d’écriture, et dont les thèmes peuvent tout aussi bien évoquer « une mesure de longueur », « un moyen d’évaluer le degré de bêtise d’autrui », « une danse populaire » ou encore « un moyen franc de faire une remarque un tantinet grasse ». C’est aussi une revue dans laquelle le lecteur entre d’emblée dans une proximité avec ses auteurs. L’éditorial, plein d’humour et d’enthousiasme, et les quelques interventions pour présenter tel illustrateur ou tel écrivain, nous renvoient l’image d’une équipe jeune et très complice.
De la courte nouvelle au poème en passant par des extraits de récits et des entretiens, La Coudée est un laboratoire d’écriture aussi bien dans la théorie que dans la pratique. La mise en page change, jouant des polices de caractère et des illustrations qui s’adaptent à chaque texte, pour plonger le lecteur dans un univers à chaque page différent. C’est un travail véritablement collectif, où l’illustration épouse le texte, dans une mutuelle valorisation. Malgré des thèmes divers, il n’est pas impossible pour le lecteur de repérer un fil conducteur courant d’un récit à l’autre. Pour ce 3e numéro, ce fil serait celui du fantasme amoureux, des rôles dans lesquels on s’enferme, du témoignage.
Quant à la théorie, elle est abordée par le biais d’entretiens qui portent ici sur le rap. Les auteurs invités confient leur rapport avec un genre qui n’est ni poème ni musique, mais constitue un véritable genre littéraire. Les propos de l’écrivain David Lopez sont retranscris dans leur jus, laissant la part belle aux marques d’oralité. Il évoque le renouveau du rap, l’évolution de ses goûts et ses pratiques d’écriture.
La Coudée est auto-éditée, imprimée à 450 exemplaires, et reliée à la main. Sa couverture sérigraphiée, le fait qu’elle soit numérotée, son papier haut de gamme, en font un objet précieux agréable au toucher et à la vue. Un objet précieux certes, mais qui reste abordable selon la volonté de ses créateurs : « On veut proposer un objet beau, mais au prix le plus bas possible », soit seulement 15 €…
Clélia Guy