La Femelle du Requin n° 38

 

Une revue qui en dépit de son titre aime l’escalade en haute montagne. Je m’explique : fidèle à son programme, La Femelle du requin propose dans chacune de ces livraisons, après un cahier de création, 2 entretiens très fouillés avec deux écrivains contemporains. Elle les accompagne de brèves analyses critiques puis d’un inédit offert par l’auteur mis sur le grill, chaque ensemble s’ouvrant sur des notes présentant chacun de ses ouvrages. Et c’est là que le vertige pourrait la saisir : en effet dans son dernier numéro le 38, elle s’attaque à un massif – je crois plutôt escarpé – élevé et très touffu. Son nom : Jacques Réda. Donc une dizaine de pages d’entretien très serré, de questions à la fois éclairées et pleine de fraicheur : c’est déjà une belle performance pour un auteur qu’on décrit souvent rétif voire ombrageux qui d’ailleurs au fil de l’entretien confirme qu’il n’est pas un causeur. Beau travail que donc d’avoir ainsi arrêté l’auteur de l’Herbe des talus, performance redoublée par l’ensemble des notices présentant la totalité de ses œuvres soit 57 au total : mazette ! Quand nous quittons Réda, c’est pour retrouver ou découvrir, c’est mon cas, un auteur à l’œuvre moins fameuse et moins abondante Alain Gluckstein au moins est-il plus loquace que Réda : La Femelle entend mettre en lumière une œuvre trop méconnue marqué par l’humour, la judéité, la transmission, l’oubli.

 

Pour qui cherche des balises dans les œuvres d’aujourd’hui, répéterai-je assez combien cette revue, tramée par des lecteurs fervents, est un bien de première nécessité.

 

André Chabin