Revue annuelle dont le sixième numéro est édité chez EPEL, Les Nouveaux Cahiers pour la folie ont pour dessein de « recueillir dans leur polyphonie des “voix” qui se rapportent à la folie, et qui sont résolues à ne pas se taire ».
Poèmes, témoignages, « coups de gueule », la psychiatrie se dit, se montre, et trouve demeure en cet ouvrage aussi insolite qu’intrépide. Patients, photographes, praticiens – parfois indignés –, artistes, soignants… chacun a sa place pour conter son histoire, sa traversée.
Dans cet ensemble aux traits harmonieux, on distingue des réflexions de fond quant au contexte de soin : comment la parole liée à la folie peut-elle être entendue ? Quelle place pour la relation à l’autre dans les unités d’hospitalisation ? Quels gestes ont une portée thérapeutique insoupçonnée ?
Il est question de « rencontre imprévue », de « concert de percussions », de « monstres inaboutis », ou encore de l’oreille attentive d’une infirmière, et c’est l’élan de la vie qui se manifeste. Que ce soit au travers de La Tempête de Shakespeare ou d’une séance de jardinage, les voix effrontées œuvrent à l’accueil de la folie, à la sauvegarde de l’intégrité et la dignité de l’être.
On s’interroge sur le corps « contraint, écrasé », ce corps qui crie, qui explose, on lutte contre « la fin de l’humanisation des services de psychiatrie », on se mobilise pour la survie des lieux d’ancrage pour les patients.
Ce sont ces mêmes valeurs d’engagement et de respect évoquées par Patrick Navaï dans La Revue des revues (no 50), le tout teinté d’humour, que nous retrouvons au sein de ce dernier opus.
Alice Dallavalle