Quoi ma gueule…

 

La Passe, revue animée par Tristan Félix et Philippe Blondeau : oui, « animée » c’est bien le mot.  Car l’étui (format de quasi-poche) dans laquelle elle glisse textes et images peine à contenir l’énergie qu’elle fait circuler. Tout de même plus de vingt contributeurs dans les moins de 100 pages de son numéro 18 ! « Autoportraits des autres », telle est la proposition de cette livraison. Miroirs torves, obliques, grimaçants, crayonnés, crachés, rêveurs : « portraits biaisés où l’on voit qu’à se représenter on se perd plus qu’on se connaît » (P.B). Ici, la prose bouscule la poésie, les lettres jouent des tours, la lecture se renverse, les signatures connues (Henri Droguet, Patrick Le Divenah, Maurice Mourier…) se serrent près de celles à découvrir. Tristan Félix dessine, fictionne, interroge :  « Comment les ailes de libellule ont-elles pu contaminer votre écriture ? », « Existez-vous vraiment ? » (à Philippe Jaffeux).  Indubitable et « sans grime » (T.F), La Passe une revue des langues poétiques fait mieux qu’exister.

 

Frédéric Repelli