La Revue d’histoire culturelle XVIIIe-XXIe siècles est une nouvelle revue électronique accessible gratuitement que publient l’Association pour le Développement de l’Histoire Culturelle (ADHC) et la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord. Elle explicite sa ligne éditoriale dans un manifeste qui reprend les principaux mots-clés attendus : héritage de « l’histoire des mentalités » et de « l’histoire totale » promue par la revue des Annales, liens avec les cultural studies britanniques développées dans les années 1960, associés à un regain d’intérêt plus récent pour le rôle des individus, la place du politique et l’influence du symbolique. Elle affirme sa volonté d’être une « histoire-carrefour » dans une « perspective transnationale » toujours attachée au « diachronique », à « l’événement », aux « variations temporelles » et au « jeu et rejeu des mémoires » et souhaite être un lieu de « débat » et de « dialogue scientifique » entre chercheurs de diverses disciplines.
La direction de la publication est assurée par Pascal Ory, président de l’ADHEC depuis ses origines (1999) et professeur émérite à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, récemment élu à l’Académie française et par ailleurs régent du Collège de pataphysique. La coordination générale de la revue est confiée pour trois ans (2020-2023) à Évelyne Cohen, professeure émérite des universités à l’École Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques (ENSSIB) et à Pascale Goetschel, professeure des universités à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elles sont assistées d’un comité de rédaction qui comprend outre les trois noms précédemment cités vingt-cinq autres universitaires, présents, émérites ou, espérons-le du moins, en devenir (doctorants et docteurs) : Anne-Claude Ambroise-Rendu, Fabien Archambault, Avner Ben-Amos, Catherine Bertho-Lavenir, Raphaële Bertho, Claire Blandin, Jean-François Bonhoure (épistémologie en débats), Elisa Capdevila, Benjamin Caraco (comptes rendus), Carole Christen-Lecuyer, Fabien Conord, Véronique Figini, Jean-Charles Geslot, Laurence Guignard (épistémologie en débats), Laure Guilbert, Myriam Juan (atelier de la recherche), Jessica Kohn, Laurent Martin (varia), Caroline Moine (fictionhistorique), Jean-Sébastien Noël (médias et écriture de l’histoire), Philippe Poirrier, André Rauch, Françoise Taliano-Desgarets, Julie Verlaine et Dimitri Vezyroglou.
Pour ce qui concerne les comptes rendus, Benjamin Caraco, conservateur des bibliothèques et associé à Paris 1, est aussi un des coordinateurs de Nonfiction, le portail bien connu des livres et des idées. Il existe aussi une rubrique actualités sans responsable désigné pour l’instant semble-t-il. Chaque rubrique est prise en charge par une équipe dont l’effectif varie entre deux et six personnes. Il peut être remarqué que la parité est ici observée avec une tendance féminine majoritaire : deux femmes sur trois dans l’équipe de direction, seize femmes pour douze hommes dans le comité de rédaction. Un conseil scientifique et un comité de lecture (lui aussi à majorité féminine) complètent l’ensemble. La revue est très structurée avec des rubriques que nous avons indiquées entre parenthèses après le nom du ou de la responsable au sein du comité de rédaction et son site explique en détail son fonctionnement, t notamment le processus de sélection et de préparation des dossiers et des articles.
La revue a déjà publié deux numéros : le premier en 2020 comportait deux dossiers : l’un produit par le groupe épistémologie en débats sur « l’heuristique des possibles » et « l’histoire contrefactuelle », l’autre intitulé « La culture, ça sert aussi à gouverner ? » et préparé par Évelyne Cohen et Laurent Martin. Celui-ci s’ouvre par un article de Pascal Ory « Gouverner par les symboles » et se continue par des études sur le gouvernement par les médias des Pays-Bas autrichiens au xviiie siècle (Marion Brétéché), le rôle de l’Opéra de Vienne dans la gouvernance politique après 1945 (Solène Schérer), la culture comme art de gouvernement sous la ve République, de Malraux à Lang (Laurent Martin), un portrait de Jack Ralite et une évaluation de sa politique action (Évelyne Cohen) et enfin un entretien avec Jean-Yves Mollier sur la censure. Le second numéro, paru au printemps 2021 s’intitule Amis, voisins, ennemis, histoire culturelle des relations entre Juifs et Arabes en Palestine/Israël du XIXe au XXIe siècle. Il a été préparé par Avner Ben-Amos et Vincent Lemire. La majorité de ses articles, rédigée en anglais, penche pour une ouverture sans doute un peu optimiste vers des possibles, en tout cas traite de divers aspects permettant de les concevoir. Il est précédé d’un dossier de la rubrique épistémologie en débats sur les questions sensibles de « la liberté académique », avec un état des lieux en France (Sylvie Thénault sur la guerre d’Algérie et François Robinet sur le Rwanda) et au Canada (Julia Csergo et Yves Gingras) suivi d’une passionnante mise au point juridique par Olivier Beaud. Un 3e numéro est d’ores et déjà annoncé et en préparation sur les usages du temps libre, coordonné par Claire Blandin, Pascale Goetschel et Christophe Granger.
Gilles Candar