par Mikaël Lugan
2020, in La Revue des revues no 63
Le Manuscrit Autographe fut un beau monstre. Fondée dans le but d’accroître l’intérêt du public pour les manuscrits modernes et servir leur commerce, la publication, qui faisait une large part aux fac simile, relevait à ses débuts davantage de l’album. Il revient à son directeur, Jean Royère, d’avoir su la transformer en une véritable revue littéraire. Espérant y insuffler l’esprit qui fut celui de La Phalange (1906-1914) qu’il avait créée et dirigée, Royère ne ménagea pas ses efforts pour composer des sommaires mêlant aux gloires littéraires passées et présentes les noms de jeunes écrivains, français ou étrangers, encore méconnus. Des extraits de la correspondance de Royère avec Francis Jammes, Valery Larbaud et André Gide balisent l’histoire d’une revue luxueuse et singulière qui vécut huit années et, misant sur la tradition plutôt que sur la modernité, échoua à être de son temps.
Between illustrated catalogue and literary revue: [The Autograph Manuscript] (1926-1933)
Le Manuscrit Autographe was a beautiful beast. Founded with the purpose of increasing public interest in modern manuscripts and helping to build up a market for them, the publication, which was largely made up of facsimiles, was from the beginning clearly intended to be more than a catalogue. This was down to its editor, Jean Royère, whose vision transformed it into a genuine literary revue. Hoping to infuse it with the same spirit as that of La Phalange (1906-1914), which he founded and edited, Royère spared no effort in compiling a table of contents that brought together eminent literary figures of the past and the names of unknown young writers, both French and foreign. Extracts from Royère’s correspondence with Francis Jammes, Valery Larbaud and André Gide outline the eight-year history of a sumptuous and unusual revue which, leaning more towards tradition than modernity, ultimately failed to be of its time.