Grandes largeurs Une aristocratie libertaire du style

par Michel P. Schmitt
2012, in La Revue des revues no 47

Au début des années 1980, la revue Grandes Largeurs enjamba résolument la production littéraire des années 1960 et 1970, qui s’était intéressée davantage au regard critique sur les œuvres qu’à la création romanesque proprement dit, et retrouva des écrivains qui avaient connu leur période de succès dans les années 1950, mais qui depuis étaient tombés dans un oubli presque total. C’est ainsi que la revue contribua largement à la « revie » littéraire d’écrivains majeurs comme Henri Calet – référence éthique et esthétique permanente tout au long des onze numéros publiés sur six années consécutives –, Raymond Guérin, Georges Henein, mais aussi Georges Hyvernaud, Jean Reverzy, Jean Forton et beaucoup d’autres. L’absence d’appareils critiques ou de gloses explicatives, au profit de la seule invitation à la lecture de textes sensibles très injustement oubliés, l’éclectisme délibéré des choix dans un esprit libertaire, marquèrent cette revue qui fut un jalon essentiel de la littérature en première personne dans le dernier quart du vingtième siècle.

In the early 1980s the periodical Grandes Largeurs resolutely spanned the literary production of the 1960s and 70s, more committed to a critical outlook on artworks than to the writing of new novels properly speaking, and renewed with writers who had been successful in the 1950s but had since then been almost completely forgotten. In this way the review largely contributed to the new life in the field of literature of such major writers as Henri Calet – a permanent aesthetic reference throughout the eleven issues published over a period of six consecutive years – , Raymond Guérin, Georges Henein, but also Georges Hyvernaud, Jean Reverzy, Jean Forton among many others. The lack of critical apparatus or explicative notes to the benefit of the mere invitation to read sensitive texts unjustly forgotten, the deliberate eclecticism in the choices made in a libertarian spirit were characteristic of this review that constituted a major landmark in first-person literature in the last quarter of the twentieth century.


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