Retours du 33e Salon de la revue

ENT’REVUES, Le rendez-vous (indispensable) des revues

Défenseur et porte-parole de la vie des revues de longues années durant sur les ondes d’une grande radio internationale et nationale, il me revient aux oreilles que l’association Ent’revues, comme nombre d’associations culturelles, vit ou s’apprête à vivre des heures difficiles. Par manque d’argent mais, plus fondamentalement, par manque d’intérêt des dispensateurs de nos subventions publiques.

Depuis 1986, Ent’revues propose aux lecteurs et à tous les acteurs de la vie des revues (libraires, bibliothécaires, écrivains, éditeurs, chercheurs et bien entendu simples lecteurs) un espace d’information, de rencontre et de réflexion pour la préservation, l’étude et la promotion des revues culturelles et scientifiques, françaises et étrangères, anciennes et contemporaines.

Pourquoi, me direz-vous, lire une revue ? Bien entendu pour la somme d’informations rapportées mais aussi et surtout en raison de son intempestivité. Quand la rude tâche d’informer est de plus en plus négligée au profit de l’instantanéité, quand la modernité a bien du mal à concevoir le moindre déphasage, le temps des revues doit vivre.

A partir  du moment où le journalisme vise le temps réel et, pour citer Régis Debray, « a partie liée avec la machine à câlins qu’est devenue la communication », d’aucuns feront remarquer que l’intempestif n’est pas vraiment une vertu journalistique. Car l’intempestif est à la fois l’inopportun et l’inconvenant. Ce qui est à contretemps, trop tôt ou trop tard, et ce qui n’est pas convenable, déplacé en somme. Or ce double décalage dans le temps et dans l’usage, cette double marginalité, offrent le plus souvent une réflexion d’une richesse insoupçonnée.

Depuis plus de 37 ans, Ent’revues a traversé bien des tempêtes. Sans jamais ménager ses efforts. Sur tous les fronts (organisatrice du Salon de la revue, de colloques et de rencontres scientifiques en France et à l’étranger, éditrice de La Revue des revues, seule publication spécialisée sur le sujet dans le monde, échange avec le monde universitaire français et étranger), Ent’revues propose au monde entier un savoir incomparable. Et je pense notamment à tous ces étrangers, anglo-saxons, sud-américains, africains et maghrébins, étudiants pour la plupart, qui attendent avec le plus grand intérêt la parution de telle ou telle revue.

Ent’revues doit vivre. Que dis-je ? Elle doit vivre pour faire vivre. Faire vivre et connaître en France la réflexion française et étrangère et à l’étranger notre culture. Appauvrir Ent’revues, entraver son développement, minimiser son action n’est pas envisageable. Ent’revues doit vivre parce que – citons ce qu’écrivait Sartre  Le 1er ocobre 1945 dans le premier numéro des Temps modernes… illustre revue s’il en est ! : « Nous ne voulons rien manquer de notre temps ».

Benoît RUELLE, RFI