Appel aux riverains, les Hommes sans Épaules, anthologie 1953-2013 proposée et présentée par Christophe Dauphin

 

C’est une longue histoire que nous donne à parcourir ce fort volume : fondée en 1953 par Jean Breton et Hubert Bouziges, Les Hommes sans épaules peut s’enorgueillir d’une extraordinaire longévité – même si des aléas l’ont pendant un temps suspendue. Longévité marquée par « une grande cohérence éditoriale, mais aussi une vraie richesse, une ouverture et une diversité assez étonnante » souligne Christophe Dauphin qui dirige aujourd’hui la revue. La preuve en 206 poètes : chacun  présenté par une notice bio-bibliographique très détaillée et par le choix d’une œuvre. Des textes théoriques, manifestes et critiques ( J.Breton, H.Rode, Pierre Chabert, Sarane Alexandrian, Christophe Dauphin) ouvrent le volume, toute revue étant qu’elle le clame ou non l’expression d’une esthétique, d’un combat, d’une affirmation, d’une communauté. Se succèdent ensuite les figures des poètes qui font  leur apparition au rythme de l’alphabet. De Max Alhau à Saadi Youssef qu’on juge de la diversité par quelques noms : Jacques Baron, Georges Bataille, Michel Butor, Tristan Cabral, Aimé Césaire, Mahmoud Darwich, André Frédérique, Lorent Gaspar, Ginsberg, Kadaré, H. Miller,  Paz, Vesaas. Ces derniers cités pour suggérer que la poésie d’ailleurs a toujours eu une place de choix dans les HSE, pas moins que celle – et ce n’est pas si fréquent  – des femmes : Gabrielle Althen, M.C Bancquart, Lise Deharme, Béatrice Douvre, Vera Feyder…Mais toutes ces signatures fameuses ne doivent pas faire oublier que la revue  – et l’anthologie y fait justice – a toujours su, et aujourd’hui encore, accueillir de jeunes auteurs ou des œuvres méconnues. Histoire exemplaire d’une revue qui a su « comprimer »  dans ses pages et par-là même exprimer les mondes poétiques  de son temps, ceux pour lesquels le poète , guetteur et explorateur, s’aventure dans les « arcanes de la vie intérieure ».