Antoine Casanova fut historien, militant politique et homme de revues. Il avait le goût du XVIIIe siècle, la passion de la Corse et de Sartène bien sûr, et défendait ardemment tout ce qui rattachait Napoléon au mouvement jacobin et à la pensée intellectuelle progressiste de son temps. Passé par la Jeunesse Étudiante Chrétienne, il adhéra en 1953 au Parti Communiste Français. Professeur de lycée, puis d’université, docteur d’État avec une thèse intitulée Forces productives rurales, peuple corse et Révolution française, 1770-1815, préparée sous la direction de Michel Vovelle et soutenue en 1988, auteur de nombreux livres d’intervention militante ou de réflexion historique et sociologique, il milita à la charnière de l’organisation politique et du monde intellectuel.
Casanova fut ainsi rédacteur en chef de La Nouvelle Critique pendant la grande époque d’ouverture et d’approfondissement de la revue, c’est-à-dire de 1967 à 1976, date à laquelle il fut remplacé par François Hincker, puis de 1978 à 2014 le directeur de La Pensée, la prestigieuse « revue du rationalisme moderne » fondée par Paul Langevin et Henri Wallon en 1939 aux marges et avec le soutien du PCF. Lui-même fut membre du comité central à partir de 1970, puis du bureau politique de 1987 à 1996, spécialiste des questions culturelles et des rapports avec les chrétiens. Pendant plus de quatre décennies, il fut donc un des acteurs essentiels de la réflexion et du débat intellectuel émanant de la mouvance communiste, avec ses grandes heures et ses moments difficiles, mais suscitant toujours le respect et l’estime pour son attitude personnelle.
Il eut la particularité d’être au cours du mandat 2001-2008 conseiller municipal communiste de Versailles, expérience qui lui permit d’apprécier les qualités humaines et sociales d’Étienne Pinte maire RPR de la ville. Nous avions publié ensemble un volume d’écrits de Jaurès, Laïcité et République sociale, paru aux éditions Le Cherche Midi en 2005.