La recherche en Histoire constitue un pan important de l’activité des revues. Il s’y est développé des travaux précurseurs, des démarches expérimentales, s’y sont exprimés des points de vue parfois iconoclastes, souvent neufs, comme en avance sur la production à une échelle plus importante.
La deuxième partie du siècle dernier a été marquée par deux démarches qui ont connu une fortune remarquable à partir des approches marxistes de l’après-guerre : l’école des Annales, avec François Furet, et tout le champ de l’histoire culturelle des sensibilités et des mentalités dont Michel Vovelle était l’un des représentants majeurs.
Comme infusée dans nos vies, cette approche marquée par l’anthropologie et l’ethnologie, a éclairé le savoir d’une autre teinte. Souvent plus humainement. Michel Vovelle, mort ce samedi 6 octobre, a consacré une grande partie de sa carrière à écrire et à penser le moment républicain fondateur – la révolution française – à échelle d’individu, exprimant l’érosion du sentiment religieux, la déchristianisation de la « fille aînée de l’Église », les représentations de la mort et, plus largement, de la question des images…
On connaît, on a lu bien souvent, certains de ses livres les plus célèbres – La Mort et l’Occident de 1300 à nos jours (Gallimard), Religion et Révolution : la déchristianisation de l’an II (Hachette), La Mentalité révolutionnaire : société et mentalités sous la Révolution française (éditions Sociales) ou Combats pour la Révolution française (La Découverte)… – mais il ne faut pas oublier que cette activité d’écrivain intense s’est accompagnée pendant toute sa carrière de nombreuses contributions à des revues. Soit qu’elles préparaient à des travaux d’ampleur plus importante ou qu’elles en fouillaient certains détails, soit qu’elles soudaient une jeune communauté de chercheurs ou défendaient une approche méthodologique ou bien quelques idées politiques, ces publications opèrent depuis le sein de l’œuvre même.
On se souviendra de ses contributions aux Annales historiques de la Révolution française bien sûr et comme évidemment, mais aussi à la Revue d’Histoire Moderne & contemporaine, à la Revue d’Histoire de l’église de France, Histoire & Mesure, Études rurales, Espace temps, Droit et société, mais aussi aux Cahiers de la Méditerranée, les Annales du Midi ou Outre-mers.
Homme paisible qui avait succédé à Albert Soboul à la tête de l’Institut d’histoire de la Révolution française, il demeurera l’une des figures les plus importantes de l’histoire culturelle en France.
Hugo Pradelle