L’une des dernières revues à paraître, repérée par Ent’revues, porte un titre de circonstance (qui a dit « opportuniste » ?) : Par ici la sortie.
C’est l’occasion d’un retour sur ce printemps étrange, particulier. L’économie des revues étant souvent artisanale, la première impression est qu’elles ont plutôt résisté à la situation. Il est vrai que les revues qui disparaissent le font souvent discrètement. À la sortie de l’hiver, nombre de publications de sciences humaines s’associaient aux mouvements de protestation qui agitent le monde universitaire, et la société française.
Février 2020 se termina par l’apparition de Graminées, revue de nouvelles, promesse de printemps, d’autres floraisons.
Trois revues finirent l’hiver, proposant des promesses d’espace, géographies littéraires, voyages dans le temps pour Des Pays habitables (du pré-romantisme aux textes contemporains), Bulletin de correspondance hellénique moderne et contemporain (électronique, transdisciplinaire et internationale) et Place (électronique, arts, pluridisciplinaire).
Et puis le confinement nous a tous saisis.
Très vite, aux premières annonces, des revues, d’abord dans le champ du savoir, de l’université, proposèrent des contenus, articles de fonds ou nouveautés, librement accessibles en ligne. La création, la littérature ne furent pas en reste. Ainsi, le numéro prêt à paraître de la moitié du fourbi fut (cubi ?) (et reste) intégralement offert aux lecteurs sur écran.
Passés les premiers jours stupéfiés, les activités d’Ent’revues ont repris, alenties, mais constantes. Trois revues électroniques sont venues rejoindre l’annuaire, finir ce terrible mars 2020 : la revue interdisciplinaire Akoféna des Lettres, Langues et Civilisations, d’Abidjan, Margelles, arts et littérature, poésie, élaborée en depuis la Sologne, et Les Grandes Figures historiques dans les lettres et les arts qui nous échappait depuis 2012.
Avril, timide, s’ouvrit avec Gustave, hebdomadaire de poésie, proposé en pdf, suivi de cunni lingus qui éclaire, sur internet, la création, le débat, d’un féminisme affirmé, Amer sonore qui, sur la toile, prolonge Amer avec de la création sonore, et se clôt sur Déforme, expression des recherches et créations de l’ENSCI, depuis 2018.
Et mai 2020 commença, pas tout à fait « fais ce qu’il te plaît », mais un bouquet de nouvelles revues, une récolte de fruits divers, un essaim vigoureux commençant par L’Albatros, revue de l’Académie De La Poésie Française (A.D.L.P.F.) depuis 1979, suivi de L’Année ronsardienne, chez Garnier, puis la radicale COCKPIT créée par Christophe Fiat et Charlotte Rolland. Synergies Iran s’ajoute aux revues du GERFLINT. Terrestres Revue des livres, des idées et des écologies, offre à la lecture Essais, recensions, fictions, poèmes et formes hybrides sur internet depuis 2018. Deux revues-objets, Vinaigrette*, photo-enveloppe, mots et images comme une lettre d’amour (ou d’amitié) et Marteloire qui déroule un feuilleton mensuel à coller sur les murs.
Puis Zoom arrière, du cinéma sur papier, Poesimuziketc-La Revue sur la toile, sont rejoints par Revue Stendhal** des Presses de la Sorbonne Nouvelle, belle façon de finir ce mois fécond.
En juin, des Presses universitaires des Antilles, Contextes et Didactiques : la distance géographique est à peine une excuse, elle est publiée électroniquement depuis 2014 ! Puis nous découvrons Spectres (Création sonore, Musique, Recherche), et aussi L’Insolite, micro-revue poético-artisanalo-nantaise, et, je vous en parlais, Par ici la sortie.
Depuis, l’été à peine commencé, à la faveur d’inscriptions au Salon de la revue** (car nous prétendons qu’il se tiendra), trois bulletins d’associations d’amis et d’études littéraires dix-neuviémistes nous ont rejoints , J’écris pourtant (Marceline Desbordes-Valmore), Le Connétable des Lettres (Barbey d’Aurevilly) et L’Écho Hugo.
La belle saison !
*Au Marché de la Poésie, en octobre, Vinaigrette.
**Au Salon de la revue, aussi : Revue Stendhal, Marteloire, COCKPIT, Margelles, cunni lingus